CHRONIQUE D’UN « PAS PRESSE »…
Sortie du 11 juillet 2017
Le Lachat de Chatillon
Permanence L.P.P. du lundi 10 : 14 partants pour le Chinaillon demain.
Objectif : Le Lachat de Chatillon : « Oui mais… surtout pas pour en faire le tour ! » C’est à cette condition que va adhérer notre doyen…
Allons-y donc ! Trois véhicules transporteront nos « marcheurs juilletistes » en altitude, via Thônes et le Grand-Bornand.
Météo pas trop mauvaise, sinon une éventualité d’orage vers la fin de journée. En fait, le ciel restera couvert jusqu’en mi-après-midi ; atmosphère plutôt fraîche en altitude sous l’effet d’un vent d’ouest ; conditions donc très favorables pour la marche.
Le Chinaillon, altitude 1300 m : ce hameau du Grand-Bornand se situe à mi-distance entre ce village et le col de la Colombière.
De là une douzaine de téléskis et télésièges tissent une véritable toile d’araignée en convergeant autour du Mont Lachat, point central de la station de ski désormais renommée du Grand-Bornand.
Parking pour nous à la Côte, au-delà du Chinaillon, à 1452 m. Les 2,5 km nous séparant du « lac » de la Cour, notre premier objectif, à 1435m, seront vite parcourus, même au rythme des Pas Pressés.
Ce petit plan d’eau est en fait une retenue collinaire destinée à capter et stocker l’eau nécessaire au fonctionnement des canons à neige. Cette neige de culture est devenue nécessaire pour compenser la déficience d’enneigement constatée dès les années de la décennie 1980. Ces réservoirs sont remplis par les eaux de surface et de ruissellement.
Profond de huit mètres, ce lac creusé en 1994, a une contenance de 57 000 m3. Son étanchéité a été reprise en 2011. Il est empoissonné avec de la truite arc-en-ciel, et la pêche est réglementée.
- Le « canon à neige » ou enneigeur a été créé aux Etats Unis dès 1950. En France, il apparait en 1963 pour enneiger une piste de 550 m en Alsace. Flaine est la première station à s’équiper, en 1973. Comment ça marche ? L’enneigeur bifluide utilise de l’eau sous pression mise en présence d’air comprimé dans une chambre de mélange. L’air est fourni par un petit compresseur intégré à chaque canon-perche. La tête de l’enneigeur est placée généralement à une hauteur de dix mètres afin d’assurer un temps de chute suffisant pour permettre aux gouttelettes obtenues, de changer d’état. De nombreux paramètres influent sur la production de neige : entre autres l’eau utilisée doit être à une température inférieure à 4°, et l’air ambiant inférieur à 0°. L’hygrométricité est aussi un facteur important. Le technicien assurant la conduite de ces équipements s’appelle le nivoculteur. En France, l’utilisation d’un adjuvent est interdite, donc système non polluant.
Comme il est encore tôt, non sans rechigner malgré moult encouragements, l’ami Jean se résigne à poursuivre en direction de la retenue supérieure du Maroly. Longeant le télésiège des Terres Rouges où le sol a été fraichement ensemencé, une dénivellée pentue de 225 m nous fait haleter… Et ce lac qui parait reculer au fur et à mesure qu’on progresse…
Enfin au détour de la énième butte, nous y voilà ! Euh : déception ! Car à l’emplacement de ce lac convoité, si péniblement atteint, que trouve-t-on ? Une immense cuvette de terre vidée de son contenu. Néanmoins on reste pantois de par ses dimensions ! Cette retenue du Maroly, de création récente, a une profondeur de dix-huit mètres et peut contenir 300 000 m3 d’eau ; elle compte ainsi parmi les plus grands lacs artificiel des Alpes. Ce réseau devrait pouvoir débiter 1 200 m3 d’eau/heure, et en 80 h enneiger sur épaisseur d’un mètre toutes les parties équipées.
A présent, il est temps de penser à requinquer les estomacs vides. Pas trop de choix pour trouver un siège, mais l’alpage pentu est bien fourni, et de plus, abondamment fleuri. Le soleil brillant par son absence et un vent frais soufflant du sud, la veste sera bienvenue, et pour le moral, le petit rosé aura son effet bienfaisant. Merci Gil.
Ah ! Un coup d’œil au panorama admirable au-dessus cette excavation lunaire faisant suite au plateau des Glières et la vallée d’Entremont :
- le Roc de Charmieux 1877 m
- le Roc des Tours 1994 m
- l’Aiguille Verte 2045 m
- le Buclon 2072 m, au-dessus du lac de Lessy
- le Pic du Jallouvre 2408 m, et le col du Rasoir
- Pointe Blanche 2438 m, qui domine le lac de Peyre
- et la chaîne du Bargy surplombant le col de la Colombière.
De ce côté du col, près de nous, parées de verdure : la Tête d’Auferrand, celle de Deux-Heures, la Pointe d’Almet : 2232 m.
Vu l’état du ciel et la fraîcheur des lieux, il faut abréger la sieste, et là l’ami Jean va laisser, ce qui n’est pas courant, éclater son courroux. Tu as raison mon vieil ami : tu t’es fait gruger, et ce n’est pas bien ! Mais attend : ça n’est pas terminé ! Tu auras de quoi nous maudire !
Que fait-on à présent ? Deux solutions à envisager : la bonne et la mauvaise comme dirait un plaisantin ! Hélas… l’option du retour par le même itinéraire abandonnée, c’est donc la poursuite du trajet par le versant Est qui est choisi, apparemment plus facile…
Que ne s’est-on penché plus précisément sur la description que nous en fait l’I.G.N. ? D’abord, il faut atteindre le sommet, lequel bien sûr parait tout proche, et la grimpée finale, l’estomac encombré… !
Enfin la cote 1728 m est là : on n’ira pas plus haut ! Le temps de souffler, mais quel spectacle la-aussi ! Tout en bas, à nos pieds, la vallée du Bouchet, que surplombe toute la longue et imposante chaîne des Aravis avec ses pointes à plus de 2500 m, dont la Pointe Percée qui culmine à 2750 m. Le ciel changeant, le soleil jouant à présent avec les nuages, ajoute des effets contrastés à ce relief vertical. Là-bas au nord la Pointe de Bella Cha devant le col des Annes, ferme la vallée.
- Point de non-retour ! Cette descente abrupte, il nous faut se la « farcir » : pente à 40 %, peut-être plus : de quoi casser les bâtons… Puis à mi-pente la traversée horizontale de l’alpage fleuri, parsemé de gentiane jaune épanouie, en direction du sud, sera apaisante. Sage résolution : l’un de nous accompagnera notre doyen sur le bon chemin menant à la Duche, à charge de le récupérer en voiture plus tard. Dernier effort pour la troupe fatiguée : la montée interminable jusqu’au col de Chatillon, à 1690 m. Ouf ! On retrouve enfin la descente salvatrice du versant ouest. Bientôt nos voitures seront en vue…
Et donc sans l’avoir souhaité, on aura fait le tour du Lachat ! Dénivellée positive de quelques 500 m, pour une distance avoisinant la douzaine de kilomètres. Bravo, mais c’est trop pour nos vieilles guiboles ! A l’avenir, sachons-nous montrer moins présomptueux afin de ne pas décourager nos Pas Pressés.
Notre ami récupéré, tout le monde se retrouvera à Sous-Aléry pour… régler nos comptes ! Rassurez-vous, la bonne humeur était au rendez-vous. Allez Jean : à la prochaine…
EP/vm